Afrikarabia, 20 fév 2014
Par Christophe RIGAUD
Honorable Vital KAMERHE transporté en "Tipoy" à l'entrée de Bukavu jeudi le 20 février 2014
Interdiction de quitter Kinshasa, poursuite judiciaire pour diffamation et « expulsion » de son logement, Vital Kamerhe accumule les ennuis. Mais en s’attaquant ainsi à son ancien bras droit, Joseph Kabila en fait son opposant le plus dangereux pour la présidentielle de 2016.
Comme une victoire, Vital Kamerhe a finalement atterri à Goma, mardi 18 février devant une foule de militants de son parti, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC). Accueil chaleureux, bain de foule… « c’est sûrement ce type d’images que ne voulait pas voir Joseph Kabila » dit-on du côté des supporters du l’UNC. Car l’opposant congolais a bien failli ne jamais se poser dans la capitale du Nord-Kivu. Une série de « d’ennuis » judiciaires et administratifs ont en effet perturbé la tournée qu’avait prévu Vital Kamerhe à l’Est du pays. « La main de Kabila » dénonce son entourage. Retour en arrière sur une semaine décisive, qui a fait de Vital Kamerhe, l’opposant à abattre en République démocratique du Congo (RDC).
L’affaire Moleka refait surface
Tout commence le 5 février 2014. La justice congolaise ressort une ancienne affaire qui opposait Vital Kamerhe et la députée du parti présidentielle, Wivine Moleka, pour diffamation. Le président de l’UNC avait en effet accusé cette député de fraude lors des élections contestées de novembre 2011. Comble de l’affaire, c’est Kamerhe lui-même, alors qu’il était encore dans la mouvance présidentielle qui avait investi Wivine Moleka.
La député s’était rétractée dans cette affaire, mais le ministère public a requis 3 ans de prison et la déchéance des droits civiques du dirigeant de l’UNC. « Wivine Moleka est instrumentalisée par le pouvoir pour empêcher Kamerhe de se présenter aux élections de 2016« , estime-t-on à l’UNC. « Trois ans de prison pour diffamation, on croit rêver !« .
Vendredi 7 février, dans la soirée, les trois juges de l’affaire Moleka se réunissent « sous pression » pour statuer sur le dossier Kamerhe mais refusent de condamner le patron de l’UNC et renvoi l’affaire devant le Tribunal de Paix de Ngaliema. Dans la nuit de jeudi 6 à vendredi 7 février, les ennuis continuent pour Kamerhe, qui est expulsé de la maison qu’il louait à l’Etat depuis 2004 à Kinshasa.
Première interdiction de quitter Kinshasa
Le vendredi 7 février au matin, le patron de l’UNC entreprend une tournée politique à l’Est du pays, fraîchement libéré des rebelles du M23. Alors qu’il avait pris place dans un avion spécialement affrété pour se rendre à Goma, l’ex-candidat à la présidence, a été invité, après plus d’une heure d’attente, à redescendre.
L’avion n’avait pas obtenu l’autorisation de décoller de l’aéroport de Ndolo, à Kinshasa. Dans un premier temps, Kinshasa évoquait « une facture impayée » , puis « un problème avec la compagnie aérienne« . Deux « prétextes » démentis par les proches de l’ancien président de l’Assemblée nationale, qui ont rapidement exhibé les factures du vol pour Goma. Le plan de vol, déposé à la régie des voies aériennes (RVA), avait également été validé et « toutes les formalités administratives avaient été remplies« .
Seconde interdiction
Le 9 février, Vital Kamerhe décide donc de se rendre à Goma par un avion d’une ligne régulière (CAA). L’opposant est cette fois-ci brièvement interpellé par la police des frontières pour ne pas avoir présenté ses papiers. Il sera retenu près de deux heures dans les locaux de la Direction générale des Migrations (DGM), avant d’être relâché… sans avoir pris son avion pour Goma.
S’ensuit une « explication » avec Richard Muyej, le ministre de l’intérieur, qui s’étonne de voir Vital Kamerhe vouloir partir à Goma alors qu’ils avaient rendez-vous le lendemain pour « préparer cette visite » confie-t-il à Radio Okapi. Dans l’entourage du leader de l’UNC, on s’inquiète de ces « tracasseries » à répétition et on craint l’arrestation pure et simple de Kamerhe.
L’Union européenne monte au créneau
La tension retombe après la rencontre entre Kamerhe et le ministre de l’intérieur le 12 février. La « caravane de la paix » pourra bien partir le 18 février, avec visiblement l’assentiment des autorités congolaises. Il faut dire que les ennuis du patron de l’UNC ont fait grincer quelques dents.
L’Union européenne (UE) est même sortie de sa léthargie pour dénoncer dans un communiqué « les entraves et les restrictions de déplacement dont certains responsables politiques de l’opposition ont été récemment l’objet« . L’affaire Kamerhe tombait en effet au plus mauvais moment pour les autorités congolaises. Le même jour devait être voté à la Commission électorale (Ceni) le code de bonne conduite pour « des élections apaisées » entre l’ensemble des partis politiques.
« C’est contre-productif »
Pourquoi cet « acharnement » sur Vital Kamerhe ? Du côté de l’UNC, on affirme que « Joseph Kabila (dont Kamerhe a été le directeur de campagne en 2006) veut éliminer politiquement un concurrent pour la présidentielle de 2016« . Mais la stratégie du régime paraît bien hasardeuse. Côté gouvernemental on accuse Kamerhe de « provocations » pour « jouer aux victimes » et se poser en « martyr de l’opposition« . Et si tel était le cas, on peut en effet dire que l’opération est réussie. Mais cet acharnement inquiète dans la majorité présidentielle.
Dans le cercle présidentiel, ils sont peu nombreux à comprendre cette « fixation » sur Kamerhe, « qui depuis la victoire de Kabila sur le M23 peinait à être audible« . « C’est contre-productif, si on voulait fabriquer un rival sérieux pour Kabila, on ne s’y serait pas pris autrement ! » explique-t-on à Kinshasa. « On a l’impression que Joseph Kabila veut régler un contentieux personnel avec Kamerhe, si c’est le cas, il joue contre son camp« .
Sur l’échiquier politique congolais, l’opposant Kamerhe, arrivé en troisième position à la présidentielle de 2011, vient de gagner en quelques jours ses galons de « leader » de l’opposition. Avec un Jean-Pierre Bemba en prison, un Tshisekedi muet et vieillissant, et un Kengo prêt à tout pour rejoindre la majorité présidentielle, Kamerhe vient de prendre une longueur d’avance pour 2016.
« Ce qui voulait éviter Kabila, c’était que l’on voit que Kamerhe est plus populaire que lui à l’Est… c’est raté ! » nous confie un militant de l’UNC. Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Sud-Kivu :
la société civile exige l’ouverture d’une enquête après des incidents de Bukavu.
Radio Okapi, le 23 février, 2014 à 9:57
Le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu exige l’ouverture d’une enquête indépendante après des incidents survenus jeudi dernier à la place de l’indépendance à Bukavu, lors du meeting raté du président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe. Au cours d’un point de presse organisé samedi 22 février, cette organisation citoyenne demande que les coupables soient sanctionnés et que les autorités congolaises respectent la constitution de la République démocratique du Congo (RDC).
Cette organisation citoyenne demande aussi la tolérance politique du côté des partis politiques et l’observance des lois et principes qui les régissent.
« Aux autorités politiques nous recommandons de respecter la constitution ainsi que les autres textes légaux réglementant la vie politique en RDC, de respecter et de préserver les principes de la démocratie auxquelles notre pays a souscrit », a déclaré la vice-présidente du bureau de coordination de la Société civile du Sud-Kivu, Elie Matabaro.
Vital Kamerhe, président de l’UNC devait tenir un meeting jeudi 21 février à la place de l’indépendance. Cette manifestation a été relocalisée au stade de la Concorde. Ce qui n’avait pas enchanté les sympathisants de l’UNC, estimant que cet endroit était exigu pour contenir tous leurs militants. La police les avait alors dispersés, à base des gaz lacrymogènes et des balles tirées en l’air. Un mort et plusieurs blessés ont été enregistrés. Un bilan contesté par des sources officielles qui estiment qu’il n’y a pas eu de mort.
La Société civile a aussi demandé « aux forces de l’ordre d’être effectivement au service de la population et non à la solde des politiciens. Elle est au service de la nation congolaise et nul ne peut la détourner à ces fins tel que stipule l’article 183 de la constitution ».
Suspension du gouverneur du Sud-Kivu
De son côté, la plate-forme politique « Sauvons la RDC » exige la suspension du gouverneur du Sud-Kivu et celle du maire de la ville de Bukavu qu’elle considère comme premiers responsables de ces incidents. Les membres de ce regroupement politique de l’opposition l’ont déclaré vendredi 21 février au cours d’un point de presse organisé à Kinshasa.
Le député Mayo de l’UNC a déclaré que la coalition rejetait la version officielle au sujet de cet incident. Selon elle, il y a bel et bien eu un mort et des nombreux blessés à Bukavu lors du meeting dispersé qui se déroulait dans le cadre de la campagne de la « caravane de paix ».
Il estime que seule une enquête internationale pourra élucider cette situation et établira les responsabilités de chacun.
La plate-forme « Sauvons la RDC » invite également ses membres à revenir à Kinshasa pour ne pas s’exposer « à l’atteinte de leurs intégrités physiques ».
« Nous demandons aussi à la délégation qui se retrouve dans l’Est de la RDC de revenir à Kinshasa afin de ne pas donner au pouvoir de monsieur Kabila l’occasion de porter atteintes à l’intégrité physique des citoyens congolais déjà meurtris par deux décennies de guerre aux causes inavouées dans l’Est du pays ainsi qu’ à leurs biens », a-t-il ajouté.
La coalition « Sauvons le Congo » est composée notamment de l’UNC de Vital Kamerhe, l’Ecide [Engagement pour la Citoyenneté et le Développement] de Martin Fayulu et d’une frange de la Société civile.
Vital Kamerhe frappe fort à Nyiragongo, Beni, Butembo et Bukavu
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UNC FEDERATION DE BELGIQUE/La cellule de communication