Calendrier pour le vote du porte-parole

 25 juin : réunion des bureaux des groupes parlementaires de l'opposition pour valider les amendements reçus.

26 juin : Adoption du règlement intérieur par la plénière de l'opposition.

28 juin : convocation par le président de l'Assemblée nationale de la plénière de l'opposition pour adoption du règlement intérieur.

29 juin-01 juillet :

- mise en place d'une commission de réception, des candidatures

- réception des candidatures

02 juillet : traitement des candidatures (par rapport au règlement intérieur)

03-04 juillet : recherche de consensus (candidats + commission ad hoc)

05 juillet :

- convocation par le président de l'Assemblée nationale de la plénière de l'opposition soit pour constater le consensus soit procéder au vote

- proclamation du candidat porte-parole de l'opposition

Entre gentlemen, un engagement vaut coercition. Si Aubin Minaku est un gentleman et un homme des extrêmes comme il aime à être présenté, il ne trouvera pas d'excuses pour organiser, conjointement avec le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, le vote du porte-parole de l'opposition à la date du 5 juillet prochain comme convenu dans un gentlemen agrément avec les présidents des groupes parlementaires de l'opposition à l'Assemblée nationale.

 
Le compromis est intervenu le 20 juin et le lendemain, Antipas Mbusa et ses trois collègues ont fait suivre un chronogramme bien minuté qui échelonne le processus de désignation du speaker de l'opposition du 21 juin au 5 juillet 2012 (voir calendrier ci-haut). Kengo a été informé en copie. Il s'employait à accomplir sa part de responsabilité dans la démarche. Minaku et Kengo ont également reçu le « projet de règlement intérieur de l'opposition » apprêté sous les soins de la commission Lumeya du nom du député de la DDC ingeliste Lumeya Dumaleghe.

Les discussions auront été âpres dans cette commission quant à la durée du mandat du porte-parole pendant la législature. Deux thèses se sont affrontées, l'une favorable à un mandat plein de cinq ans pour toute la mandature, l'autre pour un poste de porte-parole rotatif. Les tenants du «plein mandat» ont mis en avant la Constitution, notamment son article 8 qui fait de l'opposition une institution publique, à part entière, en RD-Congo.

Ils en ont déduit qu'aucune institution publique ne connaissant un système de rotation à sa tête, ils ne voyaient comment ils allaient apporter une innovation en déphasage total avec l'esprit du Constituant. Ils ont également évoqué le statut de l'opposition qui ne dit, ni ne suggère rien de tel. Les autres se sont inclinés face à la pertinence de cet argument.

Ils se sont même rappelés qu'en son temps, c'est Vital Kamerhe alors président de l'Assemblée nationale qui s'était battu becs et ongles pour le rejet du mandat rotatif. Comme s'il savait que son destin allait l'amener un jour là. Avec la même argumentation, il dut affronter ses anciens camarades de la majorité accrochés à cette position dans le calcul d'affaiblir Jean-Pierre Bemba s'il venait à être porté à la tête de l'opposition parlementaire. Pendant qu'un consensus s'est déjà dégagé autour de la question, voilà qu'un élan rétrograde amène les députés FAC-Forces acquises au changement à remettre le débat sur le tapis dans une récente prise de position.

Personne ne leur jettera la pierre dans les rangs d'une opposition soucieuse de régler la question de manière consensuelle mais les Lisanga et consorts ne pourront rien faire à dix sur un ensemble de près 180 électeurs dont une trentaine de sénateurs et près de 150 députés nationaux de l'opposition.

«Pourtant nous avons prévu cinq postes d'adjoint du porte-parole. Ce qui implique que les Forces acquises au changement auront un poste à côté de quatre groupes parlementaires de l'opposition dûment constitués et le groupe de l'opposition extra-parlementaire aussi», explique un membre de la commission Lumeya. Le projet Lumeya dote l'opposition de quatre organes, à savoir la plénière, le Conseil politique national, le secrétariat exécutif national et le comité des sages. Siègent à la plénière, le parti politiqué et le regroupement politique de l'opposition à l'Assemblée nationale représenté par son président ou le délégué de celui-ci ainsi que ses députés et sénateurs.

L'opposition extraparlementaire y a droit de cité à raison d'un représentant par parti, notamment le président ou son délégué. Cette ouverture vers les non-élus est à mettre sur le compte de la conciliation des personnalités comme Kengo, Timothée Kombo. Parmi tant d'autres ces deux vétérans ont œuvré pour que les opposants comprennent qu'ils ont tout à gagner à favoriser le consensus autour d'un homme susceptible de conduire l'opposition aux prochaines batailles.
«Le porte-parole, c'est un homme revêtu d'un leadership certain et une équipe efficace. Ensemble, ils vont, pendant cinq ans, travailler à rendre l'alternance irréversible. C'est ailleurs pourquoi l'idée d'un mandat rotatif est inadéquate», a affirmé le député UDPS Serge Mayamba, l'un des plus médiatiques des tshisekedistes élus.

Cependant, le faible budget attribué par le Premier ministre au Porte-parole montre que le pouvoir en place est décidé à l’étouffer.

Les manœuvres menées par quelques députés dont on ne fait plus mystère sur leur refus de jouer véritablement pour la matérialisation de la cause défendue par tous, sont à présent vouées à l’échec. Car, outre les débats qui seront focalisés sur l’examen et l’adoption du projet de budget pour l’année en cours, il sera également question de désigner le Porte-parole de l’opposition afin qu’il puisse accomplir sa mission pendant le quinquennat en cours.

Quoi qu’il en soit, le Président de la chambre haute du Parlement, Léon Kengo wa Dondo a retardé son déplacement à l’étranger. Il souhaite que cette question soit réglée avant la clôture de la session en cours. Il en est de même du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku qui s’inscrit totalement dans la ligne de son collègue du Sénat. D’autres leaders de l’opposition, notamment Franck Diongo, Mbusa Nyamuisi, Christian Badibangi, etc. ont pris la résolution de résoudre une bonne fois pour toutes cette question qui a trop duré. C’est dire que si le projet de budget en discussion est adopté par les deux chambres et promulgué par le Président de la République, il faudra que le pays dispose, conformément à la Constitution, d’un Porte-parole de l’opposition pour veiller à la stricte application de dispositions contenues dans toutes les rubriques, pour fournir de la matière, le cas échéant, aux élus nationaux de l’opposition afin de leur permettre de contredire le gouvernement ou agiter la sonnette d’alarme chaque fois que des ratés auront été constatés.

Matata Ponyo décidé à anéantir l’opposition ?

Curieusement, dans le projet de budget soumis aux deux chambres du Parlement, le Premier ministre, Matata Ponyo, ne réserve qu’une portion congrue au porte-parole de l’opposition. En effet, l’on apprend que le chef du gouvernement ne lui accorde qu’un montant insignifiant de 100.000 dollars par an, soit 7.000 dollars par mois pour le fonctionnement de ses services. Ce qui est scandaleux ! Pendant ce temps, dans le même projet de budget, le Premier ministre s’arroge la part belle en s’attribuant une rocambolesque somme de 35 millions de dollars par an pour faire tourner les services de la Primature. Aucune mesure donc si on compare ce montant à celui réservé au Porte-parole de l’opposition qui, selon les dispositions légales, occupe le rang de vice-premier ministre. Ce geste on ne peut plus antipatriotique, montre, si on le veut, que le Premier ministre, sans doute mû par des préoccupations qui ne concordent nullement avec les intérêts de la nation, veut étouffer l’opposition en empêchant son Porte-parole de bien jouer son rôle. Évidemment, en agissant de la sorte, cela signifie que c’est le pouvoir en place qui refuse de voir un homme de grande envergure occuper le poste de Porte-parole de l’opposition.

Cette attitude a poussé nombre de députés nationaux à hausser le ton. Tel est en particulier le cas de l’Honorable Bitakwira qui estime que Matata Ponyo peut garder son argent, ce qui est important est que les deux présidents des chambres du Parlement puissent superviser l’élection du Porte-parole de l’opposition avant la fin de la session en cours. Il s’érige enfin en faux contres les allégations d’un groupe de députés nationaux, voire de quelques membres de l’opposition extraparlementaire, qui ne se gênent pas de soutenir que le poste de porte-parole de l’opposition est rotatif.

Bien au contraire, il les renvoie aux dispositions de la loi fondamentale adoptée en 2006 pour comprendre ce qu’il en est à ce propos.

le Baromètre

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