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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 06:19
Dans une course cycliste, il y a parfois des victoires d'étapes qui ont une saveur particulière, au point de faire oublier un temps que le maillot jaune est porté par d'autres. Celle que vient de remporter la République Démocratique du Congo au conseil de sécurité des nations-unies est de celles-là.

En réussissant à faire publier contre l'avis des Etats-Unis et bien sûr du Rwanda, le rapport indiquant clairement l'implication de ce pays dans la fausse mutinerie des criminels de la bande à Ntaganda, la diplomatie congolaise a démontré qu'elle pouvait aussi être agressive et efficace. Car au fond, cette décision du conseil de sécurité prouve que le Congo n'est plus seul, qu'il a des amis, des vrais; et pas seulement des braconniers qui adorent l’éléphant pour ses défenses.

Alors oui, en tout patriotes que nous sommes, nous ne ferrons pas de fausse modestie en voulant dissimuler que cette victoire, certes symbolique, nous fait beaucoup de bien. Même si nous ne nous berçons pas d'illusions quant à la fin de la course. En politique comme en diplomatie, les symboles ont leur importance. Personnellement, j'ai souvent prononcé des réquisitoires impitoyables contre le régime de Kinshasa quand j'ai estimé cela nécessaire, mais dans le cas présent, je suis solidaire avec lui, car je considère qu'il s'agisse de la survie de Fizi-Itombwe que du Congo, il ne doit pas y avoir des camps. Je considère que l'on peut ne pas être d'accord avec Kabila, mais on ne peut pas le de n'avoir rien fait pour essayer d'avoir des relations de confiance avec le Rwanda. Car je considère enfin que la surenchère rwandaise ne choisira pas de gouvernement à Kinshasa. Qu'il s'agisse du gouvernement Kabila que de quelqu'un d'autre, tant que le régime Kagame ne sera pas mis hors d'état de nuire, la situation restera la même pour nous. C'est pourquoi, je ne comprends pas certaines formes d'opposition qui sont là uniquement pour s' "opposer" sans bien lire la situation. Et c'est aussi dans cet ordre d'idées que je souhaite ardemment que le sommet de la francophonie se tienne à Kinshasa. C'est un grand moment diplomatique pendant lequel notre pays peut passer des messages.

Réagissant  à la première épopée meurtrière et criminelle de James Kabarere et compagnie d'il y a quatorze ans, Laurent-Désiré Kabila, en vieux maquisard pour lequel je n'ai jamais eu de sympathie particulière, avait prévenu: " La guerre sera de longue haleine", avant de prédire que   " c'est  le peuple congolais qui aura le dernier mot, car la guerre qu'il mène est juste." Bien sûr, nous n'en sommes pas encore là. Mais en " isolant"  les USA au conseil de sécurité, le peuple congolais ne peut-il pas crier victoire? C'est une victoire morale sur les Etats-Unis qui, de l'aveu  même de leur ancien Président Jimmy Carter," ont perdu le leadership moral dans le monde."

Il va falloir maintenant concrétiser cette victoire sur le terrain. Je sais que l'on va tout de suite m'opposer la perte de Bunagana, mais cela ne m'impressionne pas personnellement. Nous en avons vu d'autres.
La concrétisation  de cette première victoire diplomatique sur le terrain passe par la mobilisation, la dynamisation et l'entretien d'une dynamique interne s'appuyant plus sur la population. Cela va demander au pouvoir de Kinshasa de prendre de la hauteur quitte à présenter son mea culpa pour les erreurs commises dans le passé. On ne peut pas gagner une guerre de longue haleine sans le soutien de son peuple. Tous les grands stratèges militaires vous le diront.

Alors oui, notre gouvernement doit maintenant raviver, je dirais même surfer sur la fibre nationaliste, tout évitant les pièges du genre de celui dans lequel était tombé Abdoulaye Yerodia Ndombasi il y a quatorze ans en déclarant qu'il fallait " écraser la vermine". Chacun se souvient encore que cela lui avait valu une tentative de lynchage par la justice belge. Nos compatriotes y sont extrêmement sensibles.
Ma plus grande crainte est que le pouvoir à Kinshasa ne se voit pas pousser des ailes par cette victoire, et s'en serve pour malmener encore sa propre population. Ce qui, à coup sûr, ne lui ferra que hâter le pas vers sa propre perte.

Chabo.

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