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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 13:20
 
A la veille de la fête du 53ème anniversaire de l’Indépendance de la République Démocratique du Congo, le citoyen congolais Néhémie Bahizire s’interroge encore une fois sur la réelle indépendance de son pays. « Mon texte – écrit-il – se veut un texte dénonciateur, qui met à nu les intrigues cachés contre ce peuple ».
 
Le M23 est-il vraiment un ennemi pour le pouvoir congolais ?
 
Une grande partie du peuple de la République Démocratique du Congo (RD Congo) a compris que son président Joseph Kabila ne s’oppose pas réellement au mouvement rebelle M23 qui sévit au Nord-Kivu. Au contraire, il en profite pour deux raisons :
- problème de légitimité de son pouvoir : les partis d’opposition réclament un dialogue qui puisse arriver à la vérité des urnes de 2011; le défi du M23 sert à distraire de cette exigence ;
- par le M23 le président se fait apprécier par le Rwanda, dont les dirigeants sont ses parrains politiques.
 
Le colonel Makanika, qui a fait partie du groupe qui a occupé Bukavu en 2004 avec Nkunda et Mutebusi, commande actuellement l’armée congolaise contre le M23 ! Les soldats qui se trouvent dans le M23 sont les mêmes utilisés par Nkunda et Mutebusi pour la prise de Bukavu de 2004.
 
En novembre 2012, lors de la prise de Goma par le M23, le bataillon de la Garde présidentielle aurait voulu faire face au M23, mais il a reçu l’ordre de ne pas résister. On dira que c’est pour protéger la population : n’a-t-elle pas été abandonnée aux exactions du M23 ?
 
Pourquoi, lorsque l’implication rwandaise dans la rébellion du M23 fut évidente, l’ambassadeur de la RDCongo au Rwanda fut appelé à Kinshasa par le gouvernement congolais, mais jamais l’ambassadeur du Rwanda n’a été interpellé par ce même gouvernement ?
 
Avant l’apparition du M23, il existait 18 brigades de soldats bien formés dans les Kivus. Sur instruction de la hiérarchie, on a déstructuré cette organisation en régiments, dont les postes de commandements ont été confiés pour le 84% aux Tutsi du CNDP et du RCD, le 8% aux Hutu de la Pareco et les autres centaines de tribus en RD Congo se partagent le 8% restant. Ce sont ces mêmes régiments qui ont retourné l’arme contre le pays.
 
Pourquoi la RD Congo n’a jamais émis de mandat d’arrêt contre les criminels congolais qui trouvent refuge au Rwanda (Mutebusi, Nkunda, Runiga, etc.) ?
 
Toute personne qui résiste à l’occupation de son territoire est traitée d’anti-rwandaise.
 
La confusion qui grandit au Katanga va dans le même sens : on est en train de rendre cette province invivable. John Numbi, commanditaire présumé de l’assassinat de Floribert Chebeya et de son chauffeur Bazana, est le patron de la milice Kata-Katanga et accueille dans sa ferme le chef Mayi-Mayi Gédéon qui a semé la terreur et qu’il venait de faire libérer de la prison. Le Président ne veut que ni John Numbi ni Tango Fort  passent devant la justice.
 
Joseph Kabila veut s’assurer un troisième mandat soit par une révision de la Constitution soit par la guerre. La majorité des gens au pouvoir sont issus de l’AFDL, RCD, CNDP… : ils ne peuvent pas vouloir à ce que la situation se stabilise, car alors ils seraient jugés.
 
Implications régionales et internationales
 
Pour éviter la création d’un Tribunal spécial pour la RD Congo, le Rwanda soutient la création d’un Tribunal spécial par les pays des Grands Lacs eux-mêmes: c’est une fuite en avant, car ce tribunal ne pourrait pas juger les présidents des pays de la région, les Kabarebe… .
 
Lors de la création du M23, la SADEC (Communauté de Développement des Pays de l’Afrique australe) voulait envoyer des troupes pour le combattre. Pour contrer cette action de la SADEC, la CIRGL (Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs) s’est très vite précipitée pour s’occuper du problème. Or, ce sont les mêmes pays (Ouganda et Rwanda) cités par les Rapports de l’ONU comme étant à l’origine du M23. Néanmoins la Sadec voulait intervenir, alors on a dit à Ban-Ki-Moon de s’occuper lui-même du problème. Ainsi le problème du M23 est devenu un problème de l’ONU.
 
Lorsque les deux factions de M23 se battaient entre elles, les troupes des FARDC avaient réussi à réoccuper la ville de Rutshuru, mais elles ont été poussées à l’abandonner à nouveau au M23 non seulement par les intimidations du M23, mais aussi par les pressions de la CIRGL et la MONUSCO. Est-il possible qu’une armée nationale reçoive des ordres venant de l’extérieur ? Le territoire de Rutshuru est-il encore un territoire congolais ? Un gouvernement souverain, peut-il accepter d’abandonner sa population à la merci de criminels ? Cette même Monusco vient de dénoncer le massacre de personnes par le M23 dans le territoire qu’il occupe. Pourquoi la CIRGL et la Monusco n’ont pas fait pression sur le M23, mais seulement sur le gouvernement congolais ?
 
Appui international au régime rwandais
 
En ignorant le Rapport Mapping d’octobre 2012 et les autres rapports de l’ONU, la communauté internationale, les USA en particulier, vantent le Rwanda comme étant un pays de premier rang en Afrique. C’est à des Rwandais qu’ont été attribuées diverses fonctions importantes. Sont Rwandais :
- Le président de la Banque Africaine de Développement
- Le responsable de la mission ONU au Mali (malgré que ce pays soit francophone et que le Tchad s’y soit déjà engagé avec des pertes d’hommes)
- Le Président de la Commission de discipline de l’UA
- L’Adjoint de la Mission ONU au Darfour
- Un membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.
 
Avec toutes les accusations que les experts de l’ONU portaient sur le Rwanda à la même période, était-il logique que cet Etat soit encore élu à la tête de cette institution qui l’accusait ?
 
Pourquoi le Secrétaire général Ban-Ki-Moon n’a-t-il pas parlé au Rwanda du problème du Kivu, lors de sa récente visite au Rwanda, mais il a félicité les prétendues performances de ce régime ?
 
Un pays occupé
 
Depuis des années, la communauté internationale chante le mot « terrorisme » contre des personnages qu’elle-même a contribué à mettre au pouvoir (cf. Saddam Hussein, Ben Laden, etc.) et dont elle ne veut plus. En réalité, les USA sont aussi un Etat terroriste. Ils ne sont pas capables d’éliminer la peine de mort et d’endiguer la diffusion des armes chez eux, comment peuvent-ils se présenter comme gardiens du monde entier ?
 
Le voyage en cours du Président Obama en Afrique touche trois pays : Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie. Ces deux derniers pays sont fournisseurs des troupes de la brigade d’intervention de l’ONU en RD Congo. La population se demande si le Président américain ne vient pas pour donner des instructions concernant cette brigade.
 
On aura à ce moment plus de 21.000 soldats des Nations Unies en RD Congo, plus la Marine des USA de l’Africom qui est stationnée en Haut Uélé, dans la Province orientale de la RD Congo. Quelle souveraineté a encore un Etat pareil ! Et pourtant ce pays a de vaillants militaires, incapables de réaliser leur mission car on a déstructuré volontairement toute l’Armée.
 
Qu’au moins la Communauté internationale déclare officiellement que la RD Congo est occupée et donne son statut actuel.
 
Bukavu, le 26 juin 2013.
Néhémie Bahizire 
 
Distribué par:
Mwalimu Kadari M. Mwene-Kabyana, Ph.D.
Montréal: Tél. (001) 438-994-6072
 
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